Parce qu’il implique une relation tripartite, on a tendance à croire que le portage salarial est un emploi temporaire. Pourtant, il n’en est rien. Lorsque vous vous lancez en tant que salarié porté, votre activité est aussi permanente qu’en auto entrepreneuriat. Par ignorance, certains comparent le portage à l’intérim, aux groupements d’employeurs, au temps partagé ou aux coopératives d’activité et d’emploi, qui impliquent de travailler de façon temporaire.
Depuis la publication du livre blanc du portage salarial, le statut bénéficie d’une reconnaissance sans pareil. Si bon nombre de professionnels sont séduits et sont prêts à sauter le pas, les entreprises clientes par contre ont pour certaines encore beaucoup de mal à l’intégrer dans leur mode de fonctionnement. Leur premier réflexe est donc de l’assimiler à l’intérim.
Cependant, même si l’un comme l’autre supposent la présence de trois parties en relation, leurs logiques sont bien différentes. En effet, la société de portage salarial représente les intérêts du porté avec qui il signe un contrat de travail classique. A contrario, l’entreprise de travail temporaire (ETT) veille sur les intérêts du client. Elle s’occupe du recrutement de l’intérimaire avec qui elle signe un contrat de mission, pour le compte du client. En portage, c’est le salarié qui recherche lui-même ses missions. Il est autonome et négocie lui-même sa rémunération ce qui n’est pas le cas de l’intérimaire qui doit généralement se conformer au salaire de la société cliente.
Un autre point très important est qu’en portage salarial les clients recherchent des portés pour profiter de compétences dont elles ne disposent pas. C’est pour cette raison que ces salariés sont souvent des experts hautement qualifiés dans leur domaine. Pour le recrutement de l’intérimaire, les compétences exigées ne sont pas toujours très spécialisées. Il devra par exemple remplacer de façon temporaire un travailleur dans le bâtiment ou dans la restauration.
Ici également une troisième entité veille au grain pour le bon déroulement de la relation professionnel-entreprise cliente. Il s’agit de la société de travail à temps partagé (ETTP). Elle trouve des professionnels à « prêter » à l’entreprise cliente qui ne peut ou ne désire pas réaliser un recrutement. Selon cette forme de travail, c’est le client qui a la responsabilité de la définition des conditions de travail. Certes comme en portage c’est l’ETTP qui rémunère le salarié « prêté ». Mais elle est remboursée par le client qui doit lui payer en plus du montant de salaire, une commission.
Or en portage, la commission est prélevée sur les honoraires que le salarié porté a négociés avec le client. Ce qui signifie que ce dernier ne paye que la prestation. De plus, le temps partagé est adapté spécifiquement aux PME/TPE qui ne peuvent pas recruter. Ce qui n’est pas du tout le cas en portage. Les entreprises clientes ont généralement besoin d’une compétence en plus pour des gagner de nouveaux projets par exemple et le porté leur vend ses services comme le ferait un prestataire.
Ici, les ressemblances sont très proches, mais la différence persiste. Que ce soit la société de portage ou la Coopérative d’Activité et d’emploi (CAE), chacune prend en charge les obligations administratives, financières et comptables de son salarié. Mais, l’entrepreneur de la CAE est considéré comme un associé et se voit verser une assimilation légale comparable au salaire. Il s’agit là d’un appui pour son projet. Mais le porté est par essence un salarié et se voit appliquer toutes les clauses du Code du Travail.
Un groupement d’employeurs est une association à but non lucratif qui fonctionne selon un principe de mutualisation de la main d’œuvre. Excepté cette condition, elle fonctionne comme le temps partagé. Puisqu’il reste l’unique employeur des professionnels qu’il met au service des entreprises clients, il peut ressembler au portage salarial, mais c’est bien là, le seul point commun entre les deux formes de travail.
Article rédigé par l’équipe Freecadre
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